Le domaine des communications critiques est confronté à une pression et à des changements sans précédent. Pour vous aider à mieux comprendre ces challenges, nous avons demandé à certains experts du secteur de donner leur point de vue sur l’avenir des communications critiques et sur les défis auxquels les nombreuses organisations sont confrontées.
Découvrez dans cet article une interview du Docteur Tom Silvast du Helsinki University Central Hospital (Finlande) sur sa vision des soins médicaux d'urgence du futur (Interview traduite de l'Anglais)
Dr Tom Silfvast, Helsinki University Central Hospital (Finlande)
Le Dr Silfvast est anesthésiologiste, spécialisé dans la médecine des soins intensifs et des soins d'urgence au centre hospitalier universitaire d'Helsinki. Il a accumulé une longueexpérience de médecin dans les soins préhospitaliers, à la fois au sein d'unités au sol et héliportées, et occupe actuellement le poste de médecin-chef de l'unité de préparation du district du centre hospitalier universitaire. En plus de la planification de la préparation médicale, son travail quotidien inclut la coordination des systèmes des EMS (services médicaux d'urgence) et la collaboration avec les autorités.
“Davantage de données seront collectées et transférées, car les gens surveilleront eux-mêmes leur état de santé à l'aide de capteurs permettant d'effectuer des mesures depuis
chez eux. Cette dimension viendra s'associer aux soins de santé quotidiens et engendrera de
nouveaux défis, car les patients auront plus de connaissances et poseront des questions plus délicates et épineuses. » ”
Comment la technologie TETRA facilite-t-elle le travail des services médicaux d'urgence finlandais ?
En Finlande, les appels d'urgence passés par le public sont transmis à l'un des six centres de répartition de l'autorité de répartition nationale, qui coordonne les réponses de différentes agences de sécurité publique.
TETRA est utilisé en Finlande depuis 2002 pour soutenir toutes les autorités publiques, y compris la police, les sapeurs-pompiers et les services médicaux d'urgence, qui gèrent leurs propres groupes de conversation indépendamment. Ces autorités ont également créé des groupes de discussion entre les différentes agences afin de favoriser une collaboration plus étroite.
Au cours des cinq dernières années, nous avons mis en œuvre sur TETRA de nouvelles capacités en matière de technologie qui permettent aux ambulances d'envoyer des alertes aux départements des urgences des hôpitaux et à diverses équipes de secours. Tous les intervenants peuvent ainsi communiquer au sein de groupes. Ce service est extrêmement fiable : il n'a jamais échoué, même lors des événements les plus extrêmes.
De quelles nouvelles capacités les services médicaux d'urgence ont-ils pu bénéficier suite à l'introduction du haut débit ?
Dans la région de la capitale, nous disposons d'un système d'enregistrement électronique des
patients pris en charge par les services médicaux d'urgence (EMS). Les dossiers des patients sont créés et incluent les données provenant des dispositifs de surveillance des patients transférés dans l'hôpital central. Ce système sera appliqué à tous les EMS au niveau national en 2020/2021. À l'avenir, nous assisterons à un essor de l'utilisation de gadgets médicaux dans les foyers, dont les capteurs communiqueront avec les hôpitaux.
La capacité d'évaluer l'état de santé des patients à distance constitue également un avantage
énorme pour les traitements préhospitaliers. Les soins prodigués aux patients subissant un accident vasculaire cérébral (AVC) en sont un bon exemple. En effet, les ambulanciers ne disposent généralement pas de connaissances suffisantes en neurologie pour prendre des décisions importantes en matière de soins de santé. Cependant, la possibilité de commencer le bon traitement immédiatement est déterminante pour le rétablissement d'un patient victime d'un AVC. La surveillance des données et la diffusion en direct de vidéos permettent l'évaluation à distance de l'état du patient par des spécialistes situés à l'hôpital. Le bon traitement peut ainsi être établi et l'hôpital le plus adapté sélectionné.
Les avancées technologiques permettent d'approfondir encore davantage de telles capacités. Les avantages sont énormes, aussi bien pour le patient qui reçoit les soins adéquats au bon moment et peut se rétablir plus vite, que pour le coût des soins nécessaires à son rétablissement.
Toutes les possibilités n'ont pas encore été explorées. La disponibilité d'une technologie de communications haut débit plus avancée sera à l'origine de nouvelles utilisations et générera une demande plus importante.
Quels sont les risques de sécurité soulevés par de telles technologies de surveillance à distance ?
Il existe certaines préoccupations au sujet de la confidentialité du patient, car la législation finlandaise est très stricte. Elle ne permet pas, par exemple, que les fournisseurs de services médicaux d'urgence filment les personnes dans leur foyer sans leur consentement, ce qu'ils ne sont pas toujours en mesure d'accorder. La protection des données sensibles des patients est d'une importance capitale.
D'autre part, 80 % des patients des EMS sont stables, et aucun transfert d'images ni de vidéos n'est nécessaire. Toutefois, lorsque les compétences de spécialistes sont requises, cette capacité doit être disponible.
“Les opportunités sont réelles. En Finlande, nous mettons au point un système de données
national qui stockera et partagera les données des EMS et informera les professionnels de
leurs performances. Ainsi, lorsque je terminerai ma journée de travail, j'aurai accès aux
informations relatives à mes actions et à des statistiques correspondant aux réponses. Cela
nous permettra d'identifier des voies d'amélioration.”
Quelles sont les possibilités en matière d'augmentation de partage des données et de disponibilité des informations ?
Les données sont neutres, et elles ne présentent aucune valeur inhérente avant d'avoir été traitées et analysées. Elles se transforment alors en connaissances et en informations utiles. Les opportunités sont réelles. En Finlande, nous mettons au point un système de données national qui stockera et partagera les données des EMS et informera les professionnels de leurs performances. Ainsi, lorsque je terminerai ma journée de travail, je pourrai accéder aux informations relatives à mes actions et des statistiques correspondant aux résultats. Cela nous permettra d'identifier des voies d'amélioration. L'obtention de retours immédiats est précieuse.
De plus, davantage de données seront collectées et transférées, car les gens surveilleront eux-mêmes leur état de santé à l'aide de capteurs permettant d'effectuer des mesures depuis chez eux. Cet élément s'associe de plus en plus aux soins de santé quotidiens et engendrera de nouveaux défis, car les patients auront plus de connaissances et poseront des questions plus délicates et épineuses. D'autre part, il sera également à l'origine d'une augmentation de la demande de services.
Quel sera l'impact du nombre croissant d'utilisateurs appartenant à la « génération du digital » qui rejoignent votre organisation ?
La nouvelle génération d'utilisateurs ne nécessite pas de formation extensive aux nouvelles technologies, car elle en a l'habitude. Ces utilisateurs vivent dans un autre monde : les livres ne sont plus utilisés en faculté de médecine, et les examens sont au format électronique. Leurs connaissances en matière de technologie peuvent être un excellent facilitateur. Ils sont dynamiques. Ils ne connaissent aucune barrière et sont à l'aise lorsqu'une nouvelle technologie est mise en œuvre, plus que certains membres expérimentés du personnel. Ils souhaitent utiliser des systèmes conviviaux, et ne s'attendent pas à devoir adapter leur façon de travailler ; le système doit être configuré pour répondre à leurs besoins.
Cependant, les personnes qui viennent d'entrer dans la profession sont en général peu enclines à s'impliquer dans le développement de systèmes ou à y participer. Les jeunes médecins s'intéressent à la pratique et au gain d'expérience médicale, et ne perçoivent pas la valeur du développement de nouveaux systèmes. Plus tard, lorsqu'ils seront plus expérimentés, ils participeront à ce développement et réfléchiront davantage aux nouvelles possibilités qui s'ouvrent à eux.
Les avis et les opinions exprimés dans le présent document n'engagent que la personne interrogée et ne reflètent pas nécessairement la position ni la politique officielle d'Airbus.